Prix Macho 2009
Les Chiennes de garde montrent les crocs au Macho de l’année et aboient contre la publicité la plus sexiste
À l’occasion de la Journée internationale des femmes, les Chiennes de garde montrent les crocs au Macho de l’année, qu’elles ont élu pour sa déclaration publique, faite en 2009 et jugée la plus sexiste. Après le cardinal-archevêque de Paris, André Vingt-Trois, premier Macho de l’année 2008, le deuxième macho à recevoir ainsi les déshonneurs féministes est :
Louis Nicollin, président du club de football de Montpellier.
Pendant toute l’année 2009, les Chiennes de garde ont répertorié des déclarations publiques machistes ; elles en ont retenu sept, parmi lesquelles les membres de l’association ont voté sans indication du nom des auteurs. Près d’un tiers a choisi : « On peut se parler, se dire les choses. On est des hommes, pas des gonzesses. » (Source : L’Équipe, 2 novembre 2009 ; au sujet d’un différend avec Benoît Pedretti, capitaine de l’équipe de football d’Auxerre)
Un récidiviste !
Carton rouge à Louis Nicollin, qui en 2000 avait déjà dû présenter des excuses aux Chiennes de garde pour des propos injurieux sur les femmes. Mais il a continué à se répandre en déclarations sexistes et homophobes. Par ce terme de «gonzesse », généralement considéré comme péjoratif, Monsieur Nicollin méprise l’ensemble des femmes, réduites à des « sous-êtres humains ». Selon lui, les hommes seraient-ils par nature supérieurs aux femmes?
Certains parleront de simple gauloiserie, ce qui est faire injure aux Gaulois dont rien ne prouve qu’ils ne respectaient pas l’éthique sportive. D’autres diront que ce monsieur est un Méridional, ce qui est une insulte aux millions de gens du Midi qui ne se reconnaissent pas dans une telle incontinence verbale.
Or, il s’agit bel et bien de machisme. Ce dont il semble tirer une certaine fierté, bien que le machisme soit ringard et irrespectueux. D’ailleurs, proférer des propos homophobes et sexistes semble être la seule manière pour lui d’affirmer sa virilité.
Les Chiennes de garde s’interrogent : pourquoi éprouve-t-il le besoin de déclarer aussi souvent qu’il n’est ni une femme ni un homosexuel ? Cela l’aide-t-il à affirmer sa virilité ? Violence verbale et attaques dégradantes, quelle image du sport français il donne ! Le sport est censé être une école du respect et du fair-play ; dans les stades, il y a des règles, dans les tribunes aussi, et même au président, tout n’est pas permis.
La célèbre « galanterie française » ?
Avec le sport, où les femmes sont trop souvent discriminées et rabaissées, où l’on commente leur physique plutôt que leurs performances (cf. tant de commentaires lors des derniers JO), la politique est un autre domaine où les machos imposent leur violence. En France, où les partis préfèrent perdre de l’argent plutôt que de respecter la loi sur la parité, les hommes politiques se permettent des déclarations sexistes inimaginables dans les autres démocraties : est-ce cela, « l’exception française » — galanterie avec certaines femmes, goujaterie avec toutes les autres ?
Les dauphins du Macho de l’année sont deux hommes politiques (ex-aequo) :
Alain Destrem, conseiller d’arrondissement de Paris UMP, qui a déclaré : « La photo de Ségolène Royal en boubou me fait penser à ma femme de ménage. » [à la vue d’une photo de Ségolène Royal portant un boubou, lors d’une visite à Dakar] Conseil de Paris, 8 avril 2009.
Voilà un homme politique qui cumule dans la même phrase racisme, sexisme et mépris de classe ! A-t-il sa place dans une assemblée élue ?
Jean Lassalle, député MoDem, pour sa réponse à un journaliste lui demandant quel était son cochon préféré : « Mon cochon préféré, c’est une petite cochonne, c’est mon épouse. » (au Salon de l’agriculture, à Paris, 24 février 2009).
Une telle saillie fait honte à un représentant élu et mérite un collier de plomb. Les Chiennes de garde assurent Madame Lassalle de toute leur sympathie. Leur député-e préféré-e, c’est une personne qui élève le débat au-dessus de la fosse à purin.
Toutes ces phrases relèvent du sexisme ordinaire, qui passe souvent inaperçu, mais qui fait beaucoup de mal, car il rabaisse les femmes. C’est de la violence symbolique qui, en imprégnant les esprits, entraîne le mépris des femmes, et à la violence physique contre elles.
Voir sur le site la liste des autres machos sélectionnés
Depuis 1999, les Chiennes de garde aboient pour qu’on respecte la dignité des femmes, et montrent les crocs à des machos qui se permettent d’insulter des femmes en public de manière sexiste.
Le Manifeste des Chiennes de garde a été signé par des dizaines de milliers de personnes, qui demandent une loi-cadre contre les violences faites aux femmes.
Prix Macho décerné par La Meute des Chiennes de garde à la publicité la plus sexiste de 2009
Choisi par La Meute parisienne parmi un ensemble de publicités sexistes rassemblées par les membres du réseau, le prix Macho est décerné à l’affiche, diffusée dans la rue et le métro, pour le
Prix de Diane (hippodrome de Chantilly)
Sur la pelouse d’un champ de courses, une femme nue, grande et mince, chaussée de talons aiguilles, se tient debout, de dos, bras en l’air, mains sur son chignon. Le tiers médian de son corps est caché par les portes d’une stalle de départ. À côté d’elle, accrochée à un cintre sur le montant de la stalle, une robe du soir, longue et volumineuse. Au loin, les tribunes, d’où la femme est donc visible de face.
Une femme nue à la place d’un cheval. Une femme-jument offerte aux regards, sa robe comme une croupe. Un corps de femme trophée.
« Y a plus qu’à la monter ! Grrrrrrrr ! » aboie La Meute
Cette publicité relève de la catégorie : « nudité sans rapport avec le produit ».
Dans la catégorie « clichés sexistes », La Meute a choisi la campagne de Sixt, avec des photos d’accidents de voiture spectaculaires, et le slogan « Oui, nous louons aussi aux femmes », qui accrédite l’idée reçue sur la prétendue dangerosité des conductrices ; en petits caractères, l’affirmation de l’inverse : les femmes « ont 3,5 fois moins d’accidents graves que les hommes ».
Dans la catégorie « violence et prostitution », La Meute a choisi la campagne de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, avec la tête chauve et souriante d’un homme ordinaire, le slogan « Je vois Céline tous les 15 jours et ça me fait un bien fou… », et la signature « Mon kiné… partenaire de ma santé durable ». Cet homme « voit Céline », comme il pourrait aller « voir une prostituée ». Dévaloriser un métier en l’assimilant à la prostitution fait de cet ordre professionnel apparemment peu soucieux de déontologie l’équivalent d’un proxénète.
Nous revendiquons le droit de vivre sans être exposés en permanence à des clichés sexistes, des slogans abrutissants, des images de violence, et en particulier de violence sexuelle.
La Meute demande la création d’une instance chargée d’examiner toutes les publicités avant leur diffusion dans l’espace public. Dirigée par une personnalité indépendante, elle sera composée pour moitié de représentant-es du peuple (élu-es, associations) et pour moitié de professionnels.