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20 ans des Chiennes de garde – Introduction par Florence Montreynaud, présidente d’honneur

introduction par Florence Montreynaud, inventrice du nom Chiennes de garde et première cheffe de meute

Avant de nous réjouir ensemble en fêtant nos 20 ans, je voudrais rappeler la mémoire de signataires mort·es. Plusieurs d’entre eux ou elles étaient connu·es, et ont pourtant bravé le ridicule de ce nom si « agressif », acceptant de se laisser entraîner dans cette aventure.
Une pensée pleine de gratitude pour Jean Ferrat, Régine Deforges, Stéphane Hessel, Benoîte Groult et Paul Guimard, Françoise Héritier, Lucien Neuwirth, Carole Roussopoulos, Cavanna, Sonia Rykiel, Malek Chebel, Francine Comte, Dominique Desanti, Françoise d’Eaubonne, Denise Pouillon-Falco, Josette Rey-Debove, Gonzague Saint-Bris, Dr Pierre Simon, Nelly Trumel, Catherine Valabrègue et Anne Zamberlan.
Reconnaissance aussi à mes parents, qui ont signé le manifeste, comme mes enfants et mes sœurs, tout en me disant sous des formes différentes : « Florence, tu es folle, d’avoir choisi un nom pareil ! »

D’autres signataires n’ont pas pu se joindre à nous ce soir mais ont envoyé un mot de soutien, comme Laure Adler, Brigitte Grésy et Eliane Viennot (voir les vidéos), et aussi Xavière Gauthier, Vénus Khoury-Gata, Françoise Thébaud ou Maud Tabachnik.
Annie Ernaux nous écrit : « en pensée avec vous et toutes les Chiennes de garde d’hier et d’aujourd’hui ».
Geneviève Fraisse témoigne : « Quand j’ai signé le manifeste, sans une seconde d’hésitation, je saluais une initiative radicale et je l’associais immédiatement à deux autres images de femmes politiques, les femmes de la Commune de Paris en 1871 qualifiées de « pétroleuses », et Les Vésuviennes imaginées de la Révolution de 1848. Ce serait des incendiaires, disent les commentateurs de la Commune, nous répandons une lave « régénératrice » diraient celles qui prennent, disent-elles, un nom de dérision. Dans les deux cas, ce sont des images. Quant aux Chiennes de garde, leur titre menait à l’action concrète. Alors l’histoire est comme de la maturité politique. Merci Florence. »

Après le lancement des Chiennes de garde, comme l’avait prévu ma famille, j’ai dû sans cesse répondre du choix de ce nom si provocant.
J’aurais bien préféré débattre du scandale que j’avais soulevé, c’est-à-dire l’impunité des machos insultant de manière sexiste, dans l’espace public, des femmes, et en particulier des femmes politiques. Mais non ! J’ai surtout dû me justifier de ce nom tellement agressif, tellement avilissant, tellement… animal. « Pouah, me disait-on avec répugnance, “chiennes’’, ça fait “chiennes en chaleur’’ ! » « Ah ! bon, répondais-je non sans malice, c’est à cela que vous fait penser notre nom ? En chaleur, et alors ? Pourquoi pas ? Je préfère être en chaleur qu’être en froid. »
Pendant des mois, j’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie à m’expliquer encore et encore sur ce nom, et cela continue jusqu’à aujourd’hui.
C’est pourtant simple : Chiennes de garde est le féminin de « chiens de garde » ; nous, Chiennes de garde, défendons la dignité des femmes.
Si j’avais appelé ce groupe « comité de vigilance féministe contre les insultes sexistes publiques », nous ne serions pas là pour en parler !

Si les Chiennes de garde existent depuis 20 ans, c’est grâce au concours de nombreuses féministes. Je n’en citerai que deux :
Isabelle Alonso m’a succédé à la présidence de l’association, et a apporté aux Chiennes de garde la célébrité que lui valaient ses interventions à la télévision.
Marie-Noëlle Bas, la présidente actuelle, avec une énergie et une persévérance admirables, présente des arguments féministes contre des publicités sexistes produites par des gens qui nous trouvent dépourvues de tout sens de l’humour. Grâce à sa personnalité rayonnante, les Chiennes de garde restent l’un des groupes qui composent le mouvement féministe français et contribuent à son dynamisme.