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Harcèlement de rue, elles crient leur colère sur des tee–shirts

« Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule. » Le slogan, imprimé sur un tee–shirt, claque. Provoquant ? « On voulait dire notre opposition au harcèlement de rue, tout en étant décalé », explique Laura, 26 ans. Cette étudiante en ressources humaines Nantes est à l’origine, avec 9 amies, de l’association Colère : nom féminin. Le principe ? La vente de tee–shirts et sacs sérigraphiés, dont les bénéfices sont reversés à des associations de lutte contre le harcèlement de rue.

Compliment trop insistant, mains baladeuses… Toutes ont en effet été confrontées, un jour ou l’autre, à des atteintes physiques. Des actes subis, parfois traumatisants. « Je me promenais en plein après–midi sur un grand boulevard, et un type m’a crié « Viande à viol ». Personne n’a réagi », se souvient ainsi Laura. « Je me suis rendu compte que cela n’arrive pas que le soir en rentrant de soirée. » Avant, elle prenait sur elle. Aujourd’hui, elle est « en colère ». « J’en ai marre de baisser la tête en rentrant chez moi, de mettre ma capuche, me justifier d’être en jupe », explique–t–elle. En colère, aussi, d’entendre les commentaires de l’entourage, parfois culpabilisants.

« On a le droit de ne pas vouloir entendre certains compliments »

Pour autant, pas question de stigmatiser toute approche dans la rue : « Il peut évidemment y avoir un échange, un sourire, c’est–à–dire un accord pour aller plus loin », estime Laura. « Mais quand on me fait un compliment, que j’avance sans répondre, et que je me fais traiter de « pute », là il y a harcèlement. On a le droit de ne pas vouloir entendre certains compliments ! »

Comment changer les comportements ? D’abord en en parlant : « Rappelons qu’en 2013, 205 viols par jours ont été recensés », indique la jeune fille. Elle entend, ensuite jouer un rôle d’éducatrice : « Depuis 10 ans, la culture de l’image a un impact clair sur la vision qu’on a des femmes. Elles sont transformées en femme–objet dans toutes les publicités. Il faut changer cela. On en a marre de voir des nanas à poil partout dans la rue ! »

Lancé il y a trois semaines, Colère : nom féminin cartonne. En une nuit, la page Facebook a rassemblé 1?200 fans, en compte aujourd’hui plus de 7?000. Les commandes de tee–shirt pleuvent, de France, du Canada, des Etats–Unis, ou même du Japon : plus de 700 personnes veulent avoir leur sac ou tee–shirt, fabriqués à Rezé, vendus 10 et 12 euros. « C’est un vrai succès », se réjouit Laura. « Mais cela veut bien dire que le problème est très, très présent. »