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Actions des Chiennes de garde fin 2007/fin 2009

  1. Prix Macho à la publicité la plus sexiste

Étant donné que les responsables des deux réseaux sont les mêmes personnes, la réunion des Chiennes de garde et de La Meute contre la publicité sexiste coulait de source : elle est effective depuis octobre 2008.

L’ensemble dénommé La Meute des Chiennes de garde comprend plus de 7 000 personnes et associations, dans 58 pays et 6 DOM-TOM, ayant signé le Manifeste « Non à la publicité sexiste ! »

La Meute dispose de son site, http://www.lameute.fr/index/, qui publie régulièrement des analyses par ses membres de publicités sexistes nouvelles.

En 2008, elle a décerné, comme chaque année depuis 2002, le prix Macho aux publicités les plus sexistes et le prix Femino à celles qui le sont le moins.

En 2009, elle n’a pas reconduit le prix Femino, dont la diffusion dans les médias n’était pas satisfaisante, et a couplé le prix Macho à la publicité la plus sexiste avec le prix des Chiennes de garde décerné au Macho de l’année.

Choisi par La Meute parisienne parmi un ensemble de publicités sexistes rassemblées par les membres, ce prix est allé pour 2008 à Sloggi (slips), pour des affiches dans des abribus exhibant des fesses de femme avec le slogan « en promo ». Pour 2007, dans trois catégories, voir http://www.lameute.fr/actualite/macho08.php3.

 

Le prix des Chiennes de garde au Macho de l’année

Remis à l’occasion du 8 mars, ce prix est décerné à l’auteur de la remarque, déclaration, insulte, etc. la plus sexiste, faite publiquement à une femme pendant l’année civile précédente.

Les membres de l’association ont été invité-es à voter sur une sélection de phrases sexistes opérée à partir d’un inventaire du « machisme ordinaire » dans les médias, réalisé par Annick Boisset, et qui figure sur le site. Le vote portait sur les phrases seules, sans que les membres soient informé-es du nom de leur auteur.

En même temps que nous avons fêté les dix ans des Chiennes de garde, nous avons procédé à la  remise symbolique et humoristique du premier Prix au Macho de l’année, qui s’est passée le mieux possible. C’était « le fun », ont dit les jeunes Québécoises qui nous ont filmées pour un reportage sur le féminisme français.

Sur le site figure une vidéo de notre manifestation, organisée près de Notre-Dame, avec une interview de Dominique Voynet (maire de Montreuil), et une autre d’Olga Trostiansky (adjointe au maire de Paris, présidente de la CLEF), filmées par Sophie Galibert.

Je vous invite à lire le texte où j’ai présenté notre prix :

http://www.chiennesdegarde.com/Macho09-Discours.html

Notre palmarès est détaillé ici :

http://www.chiennesdegarde.com/Macho09-CPmacho.html

 

Deux des trois lauréats ont eu assez d’humour pour se rendre à notre invitation, mais Fabrice Eboué et Cavanna ont cultivé la provocation, car ils ont dit regretter surtout de ne pas être le Macho d’or.

En effet, plus d’un tiers d’entre vous aviez jugé que la plus sexiste des phrases sélectionnées était « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées. Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête. »

Le premier Macho d’or est donc Mgr André Vingt-Trois,
cardinal-archevêque de Paris, qui s’est exprimé ainsi à Radio Notre-Dame, le 6 novembre 2008, alors qu’il était interrogé sur une plus grande participation de femmes aux célébrations liturgiques.

Le lauréat, et pas du tout fier de l’être, a exprimé par écrit des regrets pour ses « propos maladroits » (sa réponse est sur le site, http://www.chiennesdegarde.com/Macho09-3lettres.html) mais, pour les féministes laïques que sont les Chiennes de garde, ses paroles témoignent de la violence d’un machisme institutionnel qui refuse aux femmes la dignité et l’égalité.

 

 

 

Nos autres actions

  1. Janvier 2008 : contre Le Nouvel Observateur

Cette première action des nouvelles Chiennes de garde concernait la couverture du Nouvel Observateur qui illustrait un dossier sur Simone de Beauvoir avec une photo de la philosophe nue, de dos.

Nous avons manifesté devant le siège de l’hebdomadaire, place de la Bourse, avec banderoles, masques, pancartes, slogans et chansons, pour défendre la mémoire de Simone de Beauvoir.  Nous avons demandé à voir les fesses de Sartre et, pour faire bonne mesure, celles de Jean Daniel qui — devons-nous le regretter ? — n’a pas jugé bon de nous satisfaire…

Nous avons été reçues par les deux rédacteurs en chef qui ont campé sur leurs positions. L’accueil dans les médias et parmi les féministes a été excellent.

  1. Octobre 2008 : contre le magasin d’informatique Surcouf, à Paris, exposant dans ses vitrines des affiches avec une image de prostitution.

Nous avons écrit une lettre ouverte à M. Yves Lagier, PDG de Surcouf : « Êtes-vous proxénète ou spécialiste d’informatique ? Que vendez-vous chez Surcouf ? Des slips ou des ordinateurs ? »

L’annonce que des Chiennes de garde allaient manifester devant le magasin a suffi pour que dès le lendemain matin les affiches des vitrines du magasin (139 avenue Daumesnil) soient masquées.

Nous avons reçu des excuses, et l’assurance que nos « remarques » étaient bien prises en compte.

 

3. Depuis octobre 2008 : notre plainte déposée à la HALDE

Le 28 octobre 2008, nous avons écrit au Président de la HALDE pour porter plainte contre les magasins Surcouf au sujet de cette campagne.

Par une réponse du 22 janvier 2009, nous avons reçu un accusé de réception.

Ne recevant pas de réponse sur le fond, nous sommes revenues à la charge le 20 avril 2009 : « Nous nous étonnons du peu d’intérêt que vous portez à notre association en ne nous répondant pas alors que nous annonçons que nous portons plainte devant la HALDE. »

Le 2 juin 2009, M. Schweitzer nous a enfin répondu sur le fond.

Le 3 juillet, nous lui avons rétorqué : « Vous vous retranchez derrière le ‘’cadre légal’’ qui limite la compétence de la HALDE, tout en soulignant que celle-ci peut ‘’connaître de toutes les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est partie’’ ». Nous lui avons donc rappelé les textes sur lesquels nous fondons notre plainte.

4 mois plus tard, toujours pas de réponse !

(à suivre) grrrrrr !

 

  1. Mars 2009 : contre une affiche de Reporters sans frontières

Cette organisation, qui milite pour la liberté de la presse, utilise l’image d’une Marianne violentée et sanguinolente, avec le slogan « Franchement, elle l’a cherché ».

http://www.rsf.org/IMG/jpg/visuel_bd-2.jpg

« Même au service d’une ‘’bonne cause’’, avons-nous déclaré, la violence contre les femmes ne peut être un argument pertinent. »

Après la réception par RSF de nombreuses lettres de nos membres, on nous a donné cette assurance : « Nous avons été sensibles à vos arguments et bien sûr nous serons plus vigilants à l’avenir. »

 

 

D LA GRANDE AFFAIRE

Depuis mars 2009 : contre les paroles machistes du rappeur Orelsan, auteur notamment de la chanson « Sale pute ! », dont le clip est disponible sur Internet

 

C’est la grande affaire des Chiennes de garde pour les mois et peut-être les années à venir. Depuis six mois, elle a pris une partie croissante de notre temps militant, notamment pour Marie-Noëlle Bas et Clara Domingues. En effet, nous avons estimé que le moment était historique pour le féminisme français : peut-on laisser un artiste, en l’occurrence Orelsan, chanteur de rap jouissant d’une audience potentielle immense grâce à la tribune planétaire d’Internet, donner libre cours à l’expression d’une haine virulente contre les femmes ?

Nous avons décidé de lancer toutes nos forces dans cette bataille avec nos moyens habituels (humour, manifestation dans la rue, lettres ouvertes) et aussi en menant avec d’autres associations féministes des actions plus classiques (pétition et plainte en justice).

 

Je tiens d’abord à rappeler que l’affaire trouve son origine dans l’initiative d’une Chienne de garde, Catherine Lacroix, de Bagnols-sur-Cèze. C’est elle qui, à partir du 18 mars 2009, a alerté avec persévérance des associations féministes sur la dangerosité des paroles de ce rappeur.

Nous avons mené une longue réflexion collective, car il ne s’agit pas stricto sensu d’insultes adressées à une femme identifiée, et cela signifie s’engager sur le terrain miné de la liberté d’expression artistique.

L’occasion était trop belle, l’incitation à la haine et à la violence machistes trop évidente. En outre, la pauvreté littéraire des textes d’Orelsan et la qualité médiocre (selon des connaisseurs) de sa musique plaidaient en faveur d’une action, puisque le machisme s’exprimait là à l’état pur. Le fait qu’Orelsan soit blanc, issu d’un milieu favorisé (mère institutrice, père directeur de collège) et qu’il ait fait des études supérieures (de marketing !) nous facilitait aussi la tâche, en débarrassant le débat de prétendues « circonstances atténuantes » dues à une autre origine.

 

Nous avons donc décidé d’agir, de concert avec d’autres féministes et aussi avec nos moyens spécifiques.

D’abord, l’humour. Nous avons lancé parmi les adhérent-es un concours de contre-raps, et découvert dans nos rangs plusieurs contre-rappeuses de talent, dont une certaine Pitbulle : nous l’avons présentée comme l’ex d’Orelsan et, à notre grande surprise, la plaisanterie a été prise au sérieux. Ses textes, résultat d’un travail des responsables, disent vertement son fait à Orelsan, dans une forme irréprochable (alexandrins coupés à l’hémistiche). Voici la première strophe, qui vous donnera la tonalité de l’ensemble de ses 5 textes.

Regard’-moi dans les yeux, Orelsan, et fil’ doux !


Tu te crois tout permis, les insult’ et les coups.


T’es pas à la hauteur, arrête tes délires !


Ma patience est à bout, prépare-toi au pire !


Les p’tits mecs dans ton genre, je n’en fais qu’une bouchée.


Ton « Sale pute ! », dans la gorge je vais te l’faire rentrer.

 

Lisez aussi les contributions d’autres responsables — Ka-nin Jo, bUlle dogue — ainsi que des adhérentes Lévrière sans collier, Ratière au taquet et Malinoise ! Leurs contre-raps sont mordants, ou décoiffants, c’est selon. Voyez le site http://www.chiennesdegarde.com/ActionMars2009-Orelsan.html, et aussi écoutez l’enregistrement de « Je baise qui je veux » par une débutante de talent, Ka-nin Jo déchaînée !

 

Puis, plus classiquement :

Nous étions avec notre banderole devant le Bataclan, à Paris, le 13 mai 2009, pour un rassemblement de protestation féministe avant le concert d’Orelsan.

 

Avec l’association Élu-es contre les violences faites aux femmes, qui a lancé une pétition, nous avons demandé que les collectivités publiques retirent leurs subventions à des festivals qui offrent une tribune à de telles violences : « Pas d’argent public pour la violence machiste ! »

 

Nous avons adressé le 3 août 2009 une lettre ouverte des Chiennes de garde au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, (restée sans réponse) critiquant sa qualification de « dépit amoureux » pour décrire la motivation d’Orelsan. Pour réagir au rapprochement qu’il a fait avec Rimbaud, Dominique Raffin a écrit une superbe réponse : « La dormeuse de la cuisine » (voir le site).

 

Nous avons porté plainte contre Orelsan, en collaboration avec 4 importantes associations féministes :

Nous vous donnerons en temps utile les précisions concernant ce procès, qui fera date dans l’histoire de la résistance féministe à la violence machiste. Nous sommes fières de lancer cette action en justice. Il est temps qu’on entende la souffrance de femmes insultées au quotidien, et qu’on respecte la dignité de toutes les femmes !